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L’épidémie de la COVID 19 a montré une fois de plus combien les Québécois et les Canadiens sont solidaires en temps de crise. Avec le soutien de leurs gouvernements, les artistes, les gestionnaires d’entreprises et d’organismes culturels ont réagi rapidement, en accompagnant les citoyens à travers cette épreuve collective.

La crise a été un révélateur de la fragilité du milieu culturel mais aussi de son importance comme bien commun. Par conséquent, la culture doit tenir une place importante dans la relance économique. Deux sondages récents1 indiquent que les deux tiers des Québécois ne sont pas prêts à retourner en salle de spectacles ou à visiter un musée et que cette inquiétude pourrait durer jusqu’à 6 mois après la réouverture. Que doivent faire les artistes, les gestionnaires et leurs gouvernements d’ici là? Quelles priorités doivent guider un plan de relance du secteur culturel ?

Dix artistes, directeurs artistiques et gestionnaires lancent une réflexion sur trois grandes priorités d’action assorties de mesures à implanter. Ensemble ils représentent une diversité de pratiques et ils emploient plus de mille professionnels (artistes, artisans, personnel technique et éducatif et travailleurs culturels).

Sauver les meubles

La grande précarité de la majorité des artistes, des entreprises, organismes et lieux culturels est préoccupante. Il est donc essentiel de préserver les acquis de la politique culturelle québécoise, ses budgets ainsi que le réinvestissement canadien en culture, en plus de soutenir les moyens d’action suivants :

  • Préserver l’expertise des artistes, techniciens et travailleurs culturels et tenir compte des spécificités sectorielles dans la mise en œuvre du plan de relance.
  • Soutenir les organismes qui dépendent en majorité des revenus autonomes ou de partenaires privés.
  • Favoriser l’achat local et éco-responsable en culture.
  • Intégrer les futurs plans de relance en culture et en tourisme.
  • Accélérer les investissements en infrastructures culturelles.
  • Maintenir l’accès aux marchés internationaux en multipliant les efforts de promotion et de commercialisation pour assurer la reprise de la diffusion internationale.

Repenser le modèle de la création et de la diffusion des arts et de la culture

Afin de réaffirmer l’importance de la solidarité, de la communauté, des solutions de proximité et des réseaux dans la culture, nous suggérons de considérer les actions suivantes :

  • Utiliser les avancées issues de la culture numérique à la fois comme radeau transitoire et levier apte à propulser la culture sans négliger l’expérience culturelle vécue en personne. D’ici là, il faut soutenir les laboratoires d’innovation qui favorisent l’interaction et la cocréation en ligne.
  • Profiter de tous les « bricolages » en cours pour créer un observatoire des nouvelles pratiques et un fonds spécial pour soutenir les pistes plus porteuses afin de permettre à chaque discipline de se réinventer avec de véritables programmes Art&D à l’ère du numérique.
  • Transformer les nouvelles expériences numériques en sources de revenus en faisant évoluer la diffusion en ligne vers un modèle payant, en créant de la rareté en ligne et en s’assurant que les GAFAM y contribuent.
  • Transformer cette crise en occasion de métamorphose pour le milieu culturel – tout doit être revu : mode de financement, modèles d’affaires, pratiques éco-responsables, habitudes de consommation et participation culturelle, protection des revenus liés aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle.
  • Intégrer aux critères d’évaluation les indicateurs de performance liés aux données d’assistance en ligne.
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Restaurer la relation entre les artistes et les publics

La confiance des citoyens demande à être rétablie et des messages de personnalités publiques pourraient aider le public à se sentir en sécurité dans les lieux culturels. De plus, nous suggérons les mesures suivantes :

  • Mobiliser les publics scolaires tant dans les classes qu’en milieu culturel en renforçant le rôle des enseignants comme passeurs culturels.
  • Prioriser les octrois de fonds aux organismes qui démontrent dès maintenant innovation et proactivité dans le rapprochement entre les artistes et les publics.
  • Soutenir financièrement les organismes pour assurer la sécurité sanitaire du public et appuyer leurs efforts marketing pour reconquérir leur public.
  • Conduire une analyse en profondeur des impacts sociaux et économiques de la pandémie sur les arts (impact sur les artistes autochtones et de la diversité, suspension des moyens de production, fermeture des lieux culturels, perte d’expertise, capacité d’accueil des lieux, etc.).

1 Baromètre Divertissement (Habo) du 29 avril et Léger 360 du 26 avril 2020.

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Comme les parties prenantes se consultent actuellement, nous espérons que la concertation se poursuive, entre autres par la mise en place d’un comité consultatif de suivi. Nous espérons que ces quelques idées nourriront le débat pour redonner aux artistes et organismes les moyens d’aller à la rencontre des citoyens d’ici et d’ailleurs.

SIGNÉ (par ordre alphabétique) :

André Courchesne, Professeur associé à la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC Montréal ; André Dudemaine, Membre fondateur et directeur des activités artistiques, Terres en vues et Présence autochtone  ; Nassib El-Husseini, Directeur général Les 7 doigts ; Olivier Fortier, Président-fondateur ABCDF ; Manon Gauthier, Directrice générale, Fondation Jean Paul Riopelle ; Laurence Lafond-Beaulne, Auteure-compositeure-interprète Milk&Bone et Cofondatrice ACT (Artistes citoyens en tournée) ; Louise Poulin, Présidente Fondatrice ArtExpert ; Xavier Roy, Étudiant au MBA à l’Université d’Oxford et gestionnaire culturel ; Monique Savoie, Présidente-Fondatrice et directrice artistique, Société des arts technologiques (SAT) ; Louise Sicuro, Présidente-directrice générale, Culture pour tous.